([HRP] Il s'agit ici du point de vue de Ketty. La mauvaise foi est à attribuer au personnage et non au joueur
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Il pleuvait dans les Maleterres. Sûrement de la pluie venant de la mer, car certaines gouttes étaient salées.
Pourquoi avait elle fui jusqu'ici? Dans cette cabane isolée de tout, loin des siens? Près du feu allumé à la hâte, Ketty épongeait l'eau qui ruisselait sur la robe de la jument.
"Pourquoi ils veulent pas de moi, marmonna-t-elle entre deux sanglots."
Des mots résonnaient encore dans sa tête. "Laisse nous seules", "tu es trop petite", "c'est des histoires de grands". Elle revoyait le sourire de l'Elfe à l'approche du coureur des bois. Elle ne l'avait pas vu, car il n'était pas en face de la porte. Tu tombes bien, avait dit l'elfe.
"Et moi je tombe mal. Pourquoi lui oui, et moi non?"
La demi-elfe se blottit dans l'encolure de la jument, qui se laissa faire, habituée aux caprices de sa maîtresse.
"Moi aussi j'aurais pu aider Elanora. Je lui dois bien ça, vu qu'elle a couru jusqu'en Mulgore après moi. J'aurais pu lui dire que j'aime bien quand elle est là et qu'elle crie au combat contre les méchants."
Ketty sortit une couverture de son barda et s'installa dans la paille. Le feu, à bonne distance, zébrait son visage d'ombre et de lumière. C'était son symbole à cette furie, toujours rieuse et énergique. Toujours prompte à s'embraser, à agir. Mais là ne restaient que des braises. Le sourire était parti en vacances, de même que son esprit qui vagabondait dans le temps.
Les garçons de l'école ne voulaient pas jouer avec elle. Ils disaient qu'une fille devait jouer à la poupée, ou, à la rigueur, faire la princesse à sauver. Ce qu'elle voulait, elle, c'était le rôle du héros, celui que tout le monde admire, celui qui sait tout faire. Elle s'était souvent battue avec ses camarades de classe. Rarement de victoire ou de défaite d'ailleurs : la maîtresse veillait toujours à la faire atterrir en retenue. Pourtant, quand elle se battait, quand elle ne pensait à rien qu'au combat, elle se sentait bien. Elle l'avait dit une fois à sa mère. Et n'avait jamais réessayé.
Elle avait grandi sans père. Sa mère le lui avait décrit comme un grand héros Elfe aux yeux flamboyants. Sa mère... Sa mère si désemparée face aux évènements tels que la guerre avec la Horde ou le Fléau. Sa mère si... faible. Ketty avait besoin de modèles. Elle en trouva en étudiant l'histoire en classe : Turalyon, Aleria, ... Tant de grands héros morts pour sauver l'humanité. Mais son préféré restait un elfe banni des siens, un elfe qui, par amour, s'était corrompu pour sauver les siens. Illidan. Beaucoup le critiquaient. Pourtant, la demi-elfe ne voyait en lui qu'un être mû par le désir d'aider sans savoir comment s'y prendre. Elle retrouvait en lui la même solitude qu'elle ressentait.
Cela fait huit mois maintenant qu'elle parcourt les routes. Elle était partie à la recherche de son père, Selir, et l'avait retrouvé assez vite. Il lui avait présenté des amis à lui, des compagnons de la guilde des Liens d'Azur. Mais là encore elle était souvent seule. La guilde avait implosé, elle avait suivi son père chez les Talah. Elle avait rencontré des gens ouverts, gentil, toujours prêts à s'entraider. Ces gens l'avaient emmenée dans des endroits reculés et dangereux, exauçant ainsi bon nombre des ses désirs. Elle s'était dite que, s'il y avait un endroit où elle pourrait se trouver un foyer, ce serait avec eux. Pas un foyer comme chez sa mère, qui sent bon les fleurs et la confiture et où tout va toujours bien. Mais un foyer pour son âme de guerrière, un foyer pour ses rêves, un foyer où elle ne serait plus la petite fille sage mais une aventurière comme les autres.
Elle s'était alors investit. Elle aidait autant qu'elle pouvait les autre Talah. Par des escortes en zones périlleuses. Par de la "diplomatie" Grumegeule. Par ses nombreux gadgets : longue-vue, lunettes de visée, balles pour fusil, etc. Elle avait même demandé à sa mère comment cueillir les fleurs pour en faire des potions. Elle apprenait péniblement comment protéger ses compagnons en attirant les ennemis sur elle. Et elle en était heureuse, car, au travers de tous ces gestes, elle se sentait certes utile, mais surtout membre d'un groupe. Elle avait enfin des amis : Nalwyn la rêveuse, Nastäc la pragmatique, Nounours le ronchon, Zaeck qui l'embête tout le temps, Aerolithe la discrète, Tagazok le saint buveur, Elanora la protectrice, Teelah la rigolotte, Lirael l'emportée, Mink la sereine. Et plein d'autres qu'elle connaissait moins : Shâka, Maxidjé, Snife, Sharyak, Erebereth, Arishem, Yasmeen, Gerlyn, Bardack, ... Sans oublier son père.
"Des amis, tu parles!"
La jument se réveilla en sursaut alors qu'un morceau de charbon incandescent vola par l'ouverture de la porte et tomba dans la rivière avec un petit nuage de fumée. Ketty se suçotait les bouts des doigts.
"Je croyais que des amies ça se disait des trucs, des secrets, ça parlait souvent et pis ça allait se baigner sous les cascades ensembles."
Seuls des yeux compatissants d'équidé lui répondirent. On peut voir énormément de choses dans des yeux pareils.
"Bon, d'accord, Nounours m'a présenté sa copine. Nastäc m'a parlé d'un elfe que j'ai rencontré une fois ou deux. Le hasard sûrement. Pis elle voulait rien me dire pour Malhyce."
Séchant ses larmes, Ketty rassembla ses affaires en désordre avant de remettre sa selle à Belore. D'un bond souple, elle monta en selle, s'allongea sur le cou de l'animal et lui demanda :
"Tu crois que c'est ma faute si j'ai pas de secret à partager, dis? Maman dit toujours que c'est donnant/donnant."
Et c'est plongé dans sa réflexion qu'elle se mit en route vers chez elle, Stormwind. Après tout, il y avait école le lendemain.
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