-- Un carnet abandonné sur la route menant du site d'atterrissage vers Guet d'Azur--
Pourquoi écrire un journal ? Ce sont les médecins qui me l'ont conseillé, il parait que ça aide pour "extérioriser" mes émotions et mettre des mots sur ma douleur.
Qu'est-ce qu'ils en savent de ma douleur ? Enfin, de toute façon, ça a au moins le mérite de m'occuper l'esprit. Alors... écrivons...
Je m'appelle Yllianith et j'ai eu la chance, parait-il, de survivre à la chute de l'Exodar. Une chance que n'ont pas eu mon compagnon et mes amis. Bien sur, je n'ai appris leur mort qu'après m'être totalement remise de mes blessures ce qui ne me laisse aucune chance de les rejoindre. Il ne me reste plus qu’à continuer, seule, une nouvelle vie dans un monde que je ne connais pas.
Un beau programme de réjouissance.
L'effervescence qui a pris mon peuple ne me concerne pas vraiment. J'ai l'impression d'être isolée dans l'oeil du cyclone des gens qui m'entourent, un peu hors du monde. J'essaye bien de participer, sur les conseils des médecins, mais le détachement que je ressens ne s'estompe pas.
Je me suis choisie un métier, chasseur, vu que tuer ne me pose aucun souci. De toute façon, nous sommes tous destinés à mourir. Certains plus vite que d'autre, c'est tout. Alors le jour, je chasse les proies qu'on me demande de traquer, sans haine, sans remords, sans peine. Je chasse le jour pour m'occuper en attendant la nuit et sa tranquillité ou je peux enfin le retrouver.
Pour finir je me rends compte qu'il est toujours avec moi. Toujours à mes cotés dans mon esprit. Quand je ferme les yeux, c'est son image qui apparaît, instantanément. Il y a même parfois des jours, où j'ai l'impression qu'il marche à mes cotés, silencieusement.
Quelques jours ont passés, et c'est maintenant presque quotidiennement que je le vois, ombre silencieuse. J'ai même l'impression de l'entendre me parler parfois. Peut être que je vais finir par l'entendre. Ca serait tellement bien. Il reste quand même très discret et ne se montre qu'à moi seule.
A part ça, mes supérieurs semblent contents de mon travail mais cela ne me concerne pas, à part lui, j'ai toujours l'impression d'être seule, en dehors de tout.
Encore une semaine depuis la dernière fois. J'ai un peu de temps, et les médecins veulent absolument que je continue à écrire. Ils ne lisent pourtant pas ce que j'écris, je ne vois pas pourquoi ils insistent tant... Enfin, tant que je suis là, je ne peux que me plier à leurs ordres...
En une semaine, j'ai appris à l'entendre et à le voir. Nous avons maintenant de longues discussions pendant mes sorties de chasse et autres missions. Peut être est-ce à cause du lien qui nous unissait mais je suis la seule à le l'entendre et à le voir, j'ai pu en faire l'expérience, et ainsi passé pour un peu dérangée auprès d'un chaman qui m'assurait qu'aucun esprit n'étais à proximité, lorsqu'il m'a surprise en pleine discussion, au détour d'un chemin.
Mais je ne suis pas folle et ce n'est pas un débutant qui me fera croire qu'il n'est pas revenu pour rester à mes cotés.
Nous sommes maintenant tout les deux dans l'oeil du cyclone et cela n'en est que plus supportable. Grâce à lui, je semble aller un peu mieux et j'aurai le droit de partir dans quelques jours vers le Guet d'Azur où d'autres rescapés ont établi un camp.
-- Le reste des pages est vide--